Dans l’exposition Paper Moon, j'ai proposé de partager les recherches liés à mon histoire : Les essaies plus ou moins timides d’approche aux souvenirs d’autres gens, les heurt aux non dits familiales, les échecs et les fouilles dans ma propre mémoire.
J'y raconte des histoires colorées, tristes, loufoques ou absurdes.
Je propose des pièces radiophoniques en miniature, qui regardent l’histoire de mon passé comme exemples d’une auto-ethnographie fictionné, abordant ainsi un questionnement plus large sur société et humain:
Par des mises en parallèle entre le film Paper Moon et mes propres souvenirs;
Par une mise en espace du tâtonnement dans les méandres des fictions familiales, des mémoires arrangés, des hallucinations collectives;
Par une approche fragmenté en facettes multiples et scintillantes à mon histoire;
Et à travers elle aux mémoires en général et à la mise à l’épreuve de la membrane fine qui sépare fiction et réalité.
J’y lie les différentes pratiques artistique avec lesquelles je travaille - écriture, jeu, son, image et scénographie:
L’écriture d’histoires que je lis à haute voix et qui sont enregistrés sur des cassettes que le publique peut écouter, deux vidéos sont présentés dans un décor insolite, le tout présenté dans l’écrin d’une scénographie qui oscille entre ludique et inquiétante, selon la sensibilité du spectateur, qui est invité d’y chercher les histoires, comme en écho à mes propres recherches de l’histoire de mon enfance.
Le film Paper Moon (Peter Bogdanovich 1973) m’a toujours fasciné pour les parallèles que présente son histoire avec celle de mon enfance.
Quand j’avais quatre ans j’ai été enlevé par mon père.
Mon père avait décidé que ma mère n’avait plus de place dans sa vie et par conséquent dans la mienne.
Nous avons été en fuite à travers l’Europe pendant 4 ans, vivant dans la voiture, dans des pensions, des chambres d’hôtel ou en tente sur des campings en Allemagne, en Suisse, en France, Italie et Espagne. Je n’étais pas scolarisée. Mon père faisait des petites combines, ou escroqueries, ou encore il travaillait comme saisonnier.
Des fois on chantait ensemble dans des bars pour quelques sous. Nos amis étaient les gens de voyage, des petits malfrats ou des piliers de bar.
C’étaient des années d’une grande liberté mais aussi de solitude.
Dans l’histoire du film, une petite fille doit être conduite chez sa tante suite à la mort de sa mère. Un Homme qui présente une forte ressemblance à la fille apparaît et propose de l’y amener.
On comprend vite que
de un l’homme est vraisemblablement son père,
de deux il n’avait jamais le projet de conduire la fille chez ses parents mais seulement d’extorquer quelques sous au responsable de la mort de la mère de la petite fille,
et de trois qu’elle est beaucoup plus maligne que lui dans les petites combines et escroqueries desquelles il vit.
L’évolution de leur relation, les bras de fer pour le pouvoir décisionnel mais aussi l’amour de l’un pour l’autre constituent ensuite le corps de l’histoire avec laquelle je me suis toujours identifié.