yvonne harder

j’avais tout organisé.

la caméra-woman, les billets d’avion et de trains, les gîtes.
le tournage devais se faire la semaine passé et je ne savais fichtrement pas ce que j’allais y filmer, c’était hyper flippant!

j'avais le projet de refaire le voyage de mon enfance, de quand j'ai été kidnappé par mon père pendant 4 ans. de le refaire accompagné et de le filmer. je ne savais pas comment m’y prendre avec qui partir et pourquoi. comme en plus je n’arrêtais pas de faire d’autres trucs super j’avais toujours de bonnes excuses de ne pas m’en occuper sérieusement.

et à chaque fois que je m’approchais de nouveau de mon projet après l’avoir quitté pour quelques temps, c’était comme si il était recouvert d’une épaisse couche d’un truc liquide mais très visqueux, qui referme aussitôt l’orifice par lequel je venais de le quitter et on n’en voyait même plus par où y rentrer.
à la fin je me suis senti dépossédée par mon projet. mais par lui même. comme si je n’avais plus rien à y dire moi.

en plus au fil des recherches je repartais de chacune des discussions avec un sac poubelles plein de souvenirs et trucs personnels d’autres gens. et qui ne sentaient pas très bon. et là dedans je devais fouiller pour peut-être y trouver un morceau pas trop machouillé, tout juste encore comestible - beurkh! en fait à la fin je ne savais même plus trop ce que j’y cherchais.

et tout à coup, tel un lapin blanc qui saute d’un chapeau de prestidigitateur, m’est venu la seul solution logique et débile possible.

je me suis construit un papa taille moi-même, ou plutôt une poupée-papa-vaudou que j’ai du coup trainé en allemagne du nord, et à travers la suisse et c’était TELLEMENT jouissif! on a joué au minigolf ensemble, à cache-cache, on a été voir les ours à bern et on a fait du train pas mal.
on a été dans le maintenant et ici c’était un nouveau départ!