Laboratoire Poison I + II + III

Spectacle documentaire d'Adeline Rosenstein génial sur lequel je signe espace, objets et costumes

Comment faire un théâtre de petits gestes équivoques et décisifs ? Dévoilé en 2019 sous la forme d’un chantier documentaire, le Laboratoire Poison 3 poursuit la recherche de « cas de trahison » en observant des gestes d’individus prenant part à des mouvements de résistance – dans la lutte contre le nazisme d’abord (Poison 1), puis en suivant le parcours de ces anciens résistant.e.s de gauche 10 ans plus tard, face aux luttes pour l'indépendance de différents pays colonisés par la France, la Belgique (Poison 2 et le Portugal (Poison 3). Érudite et joueuse, percutante et malicieuse, Adeline Rosenstein fouille dans les récits, documents d’archives, enquêtes historiques et témoignages, à la recherche de fragments de combats qui font résonner l’actualité. Ce laboratoire se veut non seulement un observatoire théâtral des pièges de la répression – dans lesquels nous pouvons encore tomber – mais aussi un hommage déniaisé aux luttes pour la liberté.

" Si j’ai eu besoin de retourner dans une époque où des révolutions aboutissaient à des indépendances, où des gens ont réussi le changement historique, la chute du colonialisme, c’est aussi pour observer les stratégies que les ennemis du changement avaient mis en place et comment elles ont été déjouées, en particulier l’arme psychologique, la propagande, les divisions entre groupes résistants et les trahisons en chaîne. "

Adeline Rosenstein (extrait d’un entretien Jean-Michel Chaumont)

Pourquoi préférerons-nous parfois passer sous silence les méfaits d’une personne appartenant à un groupe auquel on s’identifie ?

Quand, à partir de quelle crise, cesse-t-on de pardonner sa faiblesse à un.e camarade de lutte ?
Adeline Rosenstein, dans un « chantier documentaire » lumineux en trois volets, interroge la possibilité pour le théâtre d’évoquer ces questions, à partir de documents laissés par différents mouvements de résistance. La première partie, Laboratoire Poison 1, s’appuie sur les témoignages rédigés par des partisans armés communistes belges après leur retour de camps de concentration. Les Laboratoires Poison 2 et 3 suivent les parcours d’anciens résistants de gauche dix ans après, face aux luttes pour l’indépendance de différents pays colonisés par la France, la Belgique (Poison 2) et le Portugal (Poison 3). Avec l’art du décalage parfaitement maîtrisé qu’on a pu découvrir dans Décris-Ravage, présenté à Théâtre en mai 2018, Adeline Rosenstein décortique les faits de trahison, cherche le moyen ludique de représenter les gestes et attitudes, les manières d’interpréter et de juger ce crime, ce « poison » comme disait Amílcar Cabral. À son langage chorégraphique se mêlent une parole familière, parfois poétique et des citations éclairantes de chercheur.ses, militant.es contemporain.e.s.

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